vendredi

Sérialisme ...

Le système "atonal" sur lequel repose le sérialisme est en fait le mode chromatique à 12 notes utilisé de façon non déterminée. L'atonalité pure n'existe pas comme "anti-mode", on peut seulement l'opposer au système tonal indissociable de la notion de son fondamental (par ex, en RE majeur, la fondamentale est RE), qui est un invariant, notion se retrouvant à l'origine de la formation du mode.
Prenons un mode diatonique (tout mode formé à partir du mode de DO). La note fondamentale sera toujours la première du mode (tout au moins pour les modes à 7 notes). Dans tous les cas, nous aurons une seule fondamentale si nous décidons que le mode est déterminé par cette seule note. Mais nous pouvons très bien décider de n'accorder aucune priorité à n'importe laquelle note du mode si nous utilisons ce dernier de façon non déterminée (c'est à dire en prenant comme fondamentale chacune des notes du mode en question). Nous voyons par là que l'atonalisme existe aussi dans l'univers diatonique ...
En fait, l'échelle à 12 notes revendiquée par la musique sérielle est bel et bien un mode, mais un mode possédant 12 fondamentales.

jeudi

Verticalité

On associe habituellement "verticalité" et harmonie. Comme si la notion d'harmonie dépendait seulement d'un empilement de sons. En réalité, toute mélodie contient temporellement sa propre "harmonie" (dans la durée). Cela explique pourquoi tant de morceaux ethniques se passent d'harmonie, au sens moderne.
Il y a confusion entre "verticalité" et "superposition". Théoriquement, trois sons entendus simultanément (accord) n'ont pas de durée, mais si on joue cet accord sur un piano, ils auront obligatoirement une durée, aussi brève soit-elle. Il est donc impossible d'avoir une configuration purement verticale en musique (sauf dans une partition), la durée impliquant au moins l'horizontalité, au plus la diagonalité.
Il faut donc rechercher la notion verticale ailleurs que dans la superposition. Pour ma part, je l'associe tout simplement au silence, ou tout au moins à de très longs intervalles de silence. Le seul musicien ayant expérimenté cela expressément est John Cage.

mercredi

Jean-Noël von der Weid

Pour Jean-Noël von der Weid, auteur d'un manuel sur les tendances musicales du 20ème siècle, la musique postmoderne n'est pas intéressante, car ce qui est "nouveau" doit absolument être "moderne" (comprenez : ne doit jamais revisiter). Ah bon ? Un musicien comme Steve Reich est aujourd'hui unanimement reconnu. J'espère que M. von der Weid est revenu aujourd'hui sur son opinion.
Dénier à la musique aujourd'hui son droit à la tonalité* sous prétexte de "nouveauté" et "d'étrangeté", c'est rayer l'homme de l'aventure musicale.

* : il ne s'agit pas nécessairement de tonalité "majeure" ou "mineure". Un morceau est tonal s'il s'appuie sur une note privilégiée d'un mode, même si ce mode est chromatique. Autrement dit, une certaine fixité des hauteurs. Cela dit, la revisitation du système tonal par un Philip Glass n'est en rien régressive (en tous cas si on compare cette dernière à son utilisation dans la musique dite de variétés).