dimanche

Gérard Starck

Si vous agrandissez la photo ci-dessous, vous voyez en l'air, à gauche et à droite, deux flèches de plâtre qui font exploser le plafond du CEEAC (centre d'études européennes d'actions contemporaines).
Il s'agit de "Moulures, dessins dans l'espace", une oeuvre du sculpteur Gérard Starck (né en 1957).
Gérard Starck désirait que son travail soit porteur d'une potentialité musicale, ce qui explique la présence d'un piano à queue. Il faut dire que ce piano tout seul dans ce parallélépipède à la jonction de l'ancien et du nouveau n'a pas l'air d'attendre son pianiste. La musique n'a pas besoin d'être "faite", elle est là, magnifique, supersonique.


Yann Jaffrennou, CEAAC 2005.

Piano Gestuel

Le piano gestuel est simplement du piano classique avancé. Il n'y a aucun truc sonore du style pincer les cordes ou introduire des clous entre. Tout se passe au niveau du clavier. La différence avec le piano classique tient à l'utilisation de la main complète (avec l'avant-bras). Le jeu pianistique n'est plus subordonné aux seuls doigts de la main, qui deviennent ainsi un aspect parmi d'autres (mais dont il est impossible de se passer totalement, au risque de ne produire que des effets "balistiques").
Le piano gestuel produit des effets plastiques impossibles à obtenir avec les doigts : taches, frottements, frictions, diffraction, plaques, points ... L'espace du clavier devient accessible au corps du pianiste (d'où le terme "gestuel").
Le piano gestuel est un langage pour le piano. Il a sa grammaire.
Lorsque j'ai exécuté, il y a environ dix ans, les figures basiques de "piano gestuel", je me suis dit : "non, c'est impossible, ce n'est pas du piano".
On m'avait appris que le piano se faisait avec les doigts.
J'ai donc laissé tomber, car je ne voulais pas passer pour quelqu'un qui fait n'importe quoi (qu'est-ce que "n'importe quoi" au juste ?). Faire "n'importe quoi" avec les doigts, passe encore, mais avec la paume, l'avant-bras ou le poing, c'était vraiment n'importe quoi.
Le démon du chaos (frère du vide) eut cependant le dernier mot. J'envoyai promener les inhibitions pianistiques. Je me remis au travail.
Au début je notai mes figures de façon toute littéraire : "frapper alternativement les touches noires et les touches blanches en survolant", "faire glisser sur les articulations", "balayer en champ large". Par la suite je compris qu'il me suffisait de recenser toutes les possibilités de positionnement de la main par rapport à un clavier : j'en trouvai 12, - ainsi que toutes les possibilités de "secouer" un clavier (par exemple en le balayant) : j'en trouvai 7.
Beaucoup plus tard, je compris qu'il n'existait finalement que 3 figures gestuelles basiques, et que toutes les autres étaient leurs rotations.
A ceci s'ajoutait un mouvement oscillatoire "touches noires/touches blanches".
Ainsi est né "Grammaire du Piano Gestuel".

samedi

Ce qui appartient à la tradition est maîtrisable.
Ce qui appartient à l'imaginaire ne l'est pas.
Ce qui appartient à l'esprit tient des deux à la fois.

Proverbe soufi