jeudi




















La musique se déploie comme un arbre. Ce n'est pas d'aller quelque part qui est important, mais d'y tendre ici et maintenant.

Des notes et des sons

Nombreux sont encore les compositeurs qui composent avec des notes, beaucoup plus rares sont ceux qui composent avec des sons.
La musique est toujours le véhicule d'un "paysage choisi". On aime que ce qu'on connaît, que ce soit Mozart ou le Rap. On se méfie des expériences, des symphonies pauvres et des bruits lointains - comme on se méfie du rêve ou de l'après-vie.
Pourtant, vous supporterez moins le son d'une rivière familière qui disparaît que la confiscation de vos airs préférés.
Tom Johnson est un compositeur qui compose avec des sons. Une mélodie est pour lui une structure en mouvement, se développant par elle-même et pour elle-même. Tout son dans sa musique est un rythme qui grandit indéfiniment, qui génère d'autres sons qui ne sont pas forcément ceux qu'on attendait (ou que la culture attend), mais qui s'imposent dans la composition comme étant ceux qu'il fallait.
Je pense aussi à Terry Riley, à Steve Reich, à Ligety, à Xénakis.
Et tant pis pour ceux qui n'ont pas écouté.

vendredi

L'art est d'abord un enjeu en soi, pour soi-même. Sa fonction est essentiellement auto-thérapeutique et cosmique. L'aspect démonstratif/historiciste (culte du moi, performance, valeur spirituelle et marchande), caractéristique de la culture occidentale, est secondaire.
L'oeuvre est invisible à l'oeil nu.

dimanche

Réflecteur musical (projet)

Le réflecteur musical est un appareil permettant de convertir une image lumineuse en sons. Il se place dans un appartement très éclairé.
L'image s'obtient de la même façon qu'une image photographique, à la différence près que la pellicule est remplacée par une matrice photo-électrique.
A un niveau ambitieux du projet, cette matrice comprend 84 x 84 cellules photo-électriques (7056), dont chacune est connectée à un générateur de son dans une gamme de hauteurs fixées à l'avance.
Il y a 84 gammes de 7 x 12 sons, chaque gamme comprenant 7 octaves, de la plus grave (do 1) à la plus aigüe (do 7).
La taille de chaque cellule est à déterminer, mais ne doit pas dépasser 2 x 2 mm - ceci pour former une trame acceptable.
L'intensité sonore est fonction de l'intensité lumineuse : plus l'image est lumineuse (ou contient d'éléments lumineux), plus la musique est forte.
La forme de musique dépend de la structure du paysage visé par le réflecteur : si le paysage est constitué de masses diversement nuancées (ex : nuages), la musique sera entendue comme une simultanéïté de sons se mouvant plus ou moins rapidement. Si, inversement, le paysage est constitué de sources lumineuses ponctuelles (ex : reflets dans l'eau), la musique sera perçue de façon plus linéaire, avec des sauts mélodiques.
Option : modification des timbres et des gammes.
A un niveau plus modeste (et moins coûteux), la matrice photo-électrique est composée seulement de 7 x 12 sons, chaque cellule pouvant mesurer 5 x 5 mm. Ce dispositif basique pourrait servir à tester le système.

samedi

Le silence n'existe pas. Va-t'en dans une chambre sourde et entends-y le bruit de ton système nerveux et entends-y la circulation de ton sang.

Je n'ai rien à dire et c'est ce que je dis.

JOHN CAGE

Le piano mécanique de Catherine Arnaud

Catherine Arnaud est une plasticienne qui peint des rouleaux à musique de piano mécanique. Chaque rouleau est fabriqué à partir d'une partition originale, oeuvre d'un compositeur. Sa longueur est variable (on peut l'imaginer infinie). Sa texture à trous détermine le travail pictural de Catherine Arnaud, lequel consiste à scander de fluctuations colorées le discours immatériel de la musique. Au final, elle obtient une frise conjuguant l'audition et la vision, même s'il s'agit de sa vision. On se reprend à spéculer sur le vieux rêve de l'art synesthésique.