dimanche



Le fil d'Ariane pour tout musicien désirant s'aventurer dans le labyrinthe des modes musicaux ...

mercredi

Allegro furioso

Le compositeur d'aujourd'hui dispose de moyens inimaginables pour créer de la musique. L'ère du studio d'enregistrement est révolue. Les nouvelles symphonies jaillissent tout orchestrées des circuits imprimés. La palette des genres est étourdissante. Les courants musicaux se comptent par centaines. Le plus dur dans tout cela est moins de se faire un nom que de trouver sa voie. Et, une fois qu'elle est enfin trouvée, il vous faut affronter courageusement la jungle des Bruits Sans Fin et sacrifier au Dieu des Mille Esthétiques. Si vous êtes admis, vous avez une petite chance d'atteindre la montagne située au-delà.
Je ne crois pas que le "mondialisme" soit une solution d'inspiration. Les cultures et les styles doivent se confronter, non se mélanger. Les conservatoires doivent enseigner les musiques traditionnelles au même titre que la musique dite "classique". Toutes les bonnes musiques sont "classiques".
Le tort de la musique européenne est probablement d'avoir imposé sa syntaxe à nombre d'expressions traditionnelles (musiques celtiques en particulier). Et le plus regrettable aujourd'hui est que la musique populaire ne puisse pas penser autrement que majeur et mineur.
La Musique est comme l'air que l'on respire. C'est une "atmosphère". On y met ce qu'on veut bien y mettre : la barbarie la plus totale comme l'humanité la plus rare.

mardi

Musique répétitive

La "musique répétitive" était réellement underground dans les années 1970-80. Je me souviens des toutes premières pièces de Philip Glass, qui faisaient scandale, car le compositeur exposait, dans un style "jusqu'auboutiste", une boucle sans fin donnant l'impression d'un disque rayé. Il fallait une sérieuse tolérance de la part de l'auditeur pour entrer dans un tel monde. Par la suite, Phil Glass s'est rendu compte qu'avec quelques modulations çà et là et une orchestration plus classique on pouvait parvenir à un résultat très satisfaisant (musicalement et commercialement).
Aujourd'hui, la "musique répétitive" est devenue une mode et un laissez-passer pour nombre de musiques de films, car elle est en apparence beaucoup plus facile à composer que la musique non répétitive. Il est beaucoup plus facile d'imiter Glass ou Adams que Xenakis ou Ligeti.
Je ne pense pas qu'il faille ranger cette musique dans la catégorie "musique nouvelle", car on peut être sûr que dans cent ans cette épithète sonnera à peu près comme "art nouveau" pour les oreilles d'un amateur d'art contemporain. On peut considérer la musique répétitive comme une branche de la musique contemporaine, non comme la musique contemporaine.

dimanche

J'emmerde l'Art

ERIK SATIE
Dans le bouddhisme Zen, on dit : si quelque chose ennnuie au bout de deux minutes, essayer quatre. Si l'ennui persiste, essayer huit, seize, trente-deux, et ainsi de suite. On finit par découvrir qu'il n'y avait pas ennui du tout, mais vif intérêt.

JOHN CAGE


Roland Darquoy
Ce que je fais n'est peut-être pas aussi beau que ce à quoi parviendrait un maître indien, mais, pour une oreille occidentale, il est plus simple d'entendre et de reconnaître une écriture pour piano ou pour quatuor à cordes ou pour n'importe quelle autre forme de musique occidentale.

TERRY RILEY

Les 42 modes hyper-chromatiques


Ces modes sont combinés de telle manière qu'il est impossible de former un accord de quinte avec les sons les constituant.

Page 1 du 9ème raga pour piano. L'échelle utilisée ici est pentatonique : do#ré#mi#sol#si#.

mardi

Ragas pour piano

Le désir que j'avais de transposer des sonorités traditionnelles au piano (harpe celtique) s'est à nouveau concrétisé sous la forme des "9 Ragas pour piano".
Comme leur nom l'indique, ces pièces doivent beaucoup à la musique de l'Inde. Elles sont écrites chacune dans un mode spécifique à cette musique (un mode est une échelle de sons), maintenu comme il se doit pendant toute la durée du morceau, la modulation n'existant pas dans les musiques traditionnelles (le besoin de changement est une constante de la culture occidentale).
Le Raga est traditionnellement une forme mélodique subtile utilisant une échelle particulière (souvent pentatonique) et constituant le fondement sur lequel un musicien improvise. Je n'ai pas pris cette définition à la lettre en écrivant ces neuf pièces, car je n'ai pas voulu "copier" le monde traditionnel (d'ailleurs le système tempéré à 12 sons ne le permettrait pas, non plus que le piano). Je m'en suis tenu seulement au principe de non-modulation et au développement rythmique de type circulaire (improvisation autour d'un pôle modal), ces deux facteurs étant à la base de toute musique traditionnelle.
Certaines séquences, plus répétitives, font entendre des sons pianistiques à l'état pur, en dehors de tout contexte discursif, simplement pour eux-mêmes. Cet aspect spatial et méditatif du son est caractéristique de l'approche musicale orientale.

dimanche

samedi

Sans Titre

Si quelque chose par rapport à quelqu'autre
chose arrive plus tôt ou plus tard tout est différent
mais au fond rien qui soit d'une importance
durable n'est arrivé. Je parle
et la musique contemporaine change. Change
comme la vie. Si elle ne changeait pas elle serait morte.

JOHN CAGE
J'ai acheté un ordinateur voilà six mois, mais je n'ai pas encore composé avec. Je compose tout au piano et, à l'heure où je vous parle, je travaille uniquement chez moi, dans le studio situé à l'intérieur de mon appartement.

AARON KERNIS

Musique d'intérieur

Le concept de "musique d'intérieur", suavement annoncé par Erik Satie (Gymnopédies et Gnossiennes) consiste à créer, sur le plan sonore, une atmosphère suffisamment neutre pour n'être pas perçue par le plus grand nombre, et suffisamment pertinente pour être perçue par quelques-uns. C'est comme un papier peint uni dont on ne peut définir exactement la couleur. Ou un ciel de nuages sur un immeuble hightech (vous ne voyez pas ce ciel). Ou encore une journée riche en événements mineurs.
Ce concept, repris plus tard par un musicien comme Terry Riley, est le fil conducteur de ma production entre 1980 et 1990.

vendredi



Erik Satie, précurseur de la "musique d'intérieur".

Celtic Piano

Les premières pièces de "Celtic Piano" datent de 1978. C'est une période de "relâchement" expressif. Lassé de mes essais antérieurs, de petites compositions sérialistes qui m'enfermaient dans une image stéréotypée du compositeur de musique "savante", je suis à la recherche "d'autre chose". La rencontre de ma femme, bretonne, sera le déclic de ma passion pour la culture celtique à partir de 1978. Je me tourne vers la musique populaire bretonne, qui renaît alors sous la poussée rénovatrice des Cochevelou (Stivell) père et fils. J'y trouve un affect et un raffinement qui font souvent défaut à notre monde aseptisé.
On m'a souvent dit que ma musique celtique pour piano ressemblait à Debussy. C'est vrai du point de vue de la fluidité et de la couleur (bien que les harmonies de Debussy soient modulantes et beaucoup plus recherchées et savantes que les miennes), mais ce n'est pas exact dans le style, car je n'avais pas Debussy en tête quand j'ai composé cette musique. La coloration "debussyste" tient surtout à l'adaptation au piano de la musique de harpe, avec son corollaire modal (intervalles diatoniques, limpidité, résonance).
Je pense que Alan Stivell m'a beaucoup plus inspiré que Debussy pour cette musique.



"Lumière sur la Terre", pièce celtique pour piano extraite du recueil "cercles de vent".

mardi



Le deuxième album de Roland Darquoy (1997). Pochette dessinée par Marie-France Jaffrennou.